Histoire

 

La région annexée par les Romains en 121 ap. JC. est traversée à partir des VIIIème-IXème siècles par une importante voie de communication reliant Le Puy à Valence par Vernoux et Chalencon, qui fixe sans doute les premiers centres de peuplements. 

  

Vers le XIIIème siècle le commerce s'anime. Le Vivarais alors dépendant du Languedoc est intégré au domaine royal. 

 

De 1521 à 1790 l'épisode incontournable de l'Histoire du Vivarais protestant, peut être lu sur le site http://medarus.org/Ardeche/07genera/07genTex/accuard.html

 

 

Le Vivarais au XVème siècle n'a rien d'un pays isolé, ou arriéré sur le plan économique.  Sa position géographique en fait une zone de passage. Les communications essentielles entre le Rhône et le Velay, entre Paris et la Méditerranée se font par les chemins muletiers qui traversent les Cévennes ardéchoises, les Boutières et le Haut-Vivarais : toute une série de chemins sont tracés et fréquentés au long desquels sont établis des centres actifs qui servent d'étape au commerce du sel, du vin et du blé à la remonte, du bois et des peaux à la descente ; Valgorge, St-Agrève, Aubenas, Annonay enfin, qui, en plus, fait déjà figure de centre industriel. 

 

Les villes sont installées à l'abri de leur château, autour de leur champ de foire, sur le passage des marchandises et des idées. Le Rhône apporte surtout le sel de Peccais, en Camargue, ou le blé de Bourgogne, et les petits ports rhodaniens Tournon, Serrière,  sont le point de départ des "drailles" (pistes)  qui conduisent vers le Velay, ses pâturages et son pèlerinage du Puy.

Géographie

Le Haut Vivarais s'étend du mont Pilat et du Velay à la vallée du Rhône. 

Le pays des Boutières aux gorges profondes et étroites est un territoire de pentes abruptes, couvertes de châtaigniers ; ses paysages sont fortement marqués par les terrasses, murs de pierres, les faïsses, entretenus de génération en génération qui témoignent de l'ingéniosité et de la volonté des hommes à cultiver et à vivre sur ces pentes.  

Le plateau de Vernoux forme une véritable enclave dans les Boutières . D'une altitude moyenne de 500 mètres, il s'élève à 800 mètres au-dessus de la vallée de l'Eyrieux. Ses paysages sont dominés par de douces collines couvertes de forêts, des vergers de châtaigniers et de vastes prairies où pâturent les bovins. Le climat prend ici des traits montagnards modérés. Les hivers froids ne paralysent pas les activités économiques liées à l'utilisation des cours d'eau. Les étés sont frais en altitude mais le rebord méridional est beaucoup plus chaud. 

 

 

 

les Boutières cerclées en rouge sur la carte du Massif Central. 

 

Albin Mazon* écrit :  la tentation est forte de croire que l'ancien nom de la région moyenne du Vivarais boutière se rattache à l'industrie muletière. Du Cange* dit que botaria signifie route, chaussée et le chanoine Rouchier pense que la vieille voie romaine de Tournon à Saint-Agrève a donné son nom à la contrée. Mais si l'on songe au transport considérable de vin en boute qui se faisait par cette voie entre les bords du Rhône et la montagne, on peut supposer que botaria signifiait autrefois chemin des outres.

 

 

A Vernoux

Plateau de Vernoux et vallée de l'Eyrieux sont dominés par le château de Chalencon sans doute la première implantation castrale. L'habitat s'agglomère ensuite un peu plus bas, dans un bourg enclos d'une enceinte fortifiée, autour de l'Eglise Saint Pierre, et à proximité des voies de communication. 

    

Au début du XIIIème siècle un castrum novum est établi à proximité de Vernoux. Les péages se multiplient, chaque seigneur châtelain voulant tirer bénéfice de l'important courant commercial qui traverse son mandement : celui de Chalencon est attesté au XIIIème siècle, celui de Chateauneuf à la fin du XIVème siècle. A partir de la fin du XIIIème siècle le Comte du Valentinois contrôle l'ensemble de l'itinéraire. Jusqu'à la fin du XVIème siècle Vernoux fait partie de la Baronnie de Chalencon. En 1671, la baronnie est vendue moitié au marquis de la Tourette, moitié au prieur de Privas.  

  

Pendant les guerres politico-religieuses, Vernoux est, avec toute la région des Boutières, dans le mouvement huguenot. 

Cependant , la ville paraît être restée en dehors des évènements de guerre, grâce sans doute à son éloignement des bords du Rhône, où avait lieu le plus fort de la lutte. Les faits les plus importants pendant les troubles sont la démolition de ses fortifications en 1567 et il résulte d'une délibération des Etats du Vivarais, que les protestants viennent de s'emparer du château en 1570. 

  

En 1583, le vicaire représentant l'Evêque de Viviers, fait sa tournée des églises du diocèse. En visitant Vernoux, il écrit dans son rapport :"l'église et la maison preysbytérale sont bouleversées et renversées sens dessus dessous". Le curé fait tous les dimanches le service divin dans une maison puis il se retire au château du sieur de la Tourette où il demeure.  Les catholiques sont peu nombreux". Le rapport sur les églises voisines constate les mêmes ruines. A Silhac, "l'église est rompue et ruinée depuis 20 ans le service divin n'a pas lieu, mais la population est restée en majorité catholique". 

  

Le marquis et le prieur perçoivent  un droit de péage qui sera supprimé en 1747. Ils ont droit de leyde* les jours de foires et de marché, qui se tiennent tous les jeudis et bien d'autres droits seigneuriaux. 

Prêtres catholiques et Ministres protestants tiennent de nombreuses conférences dont la plus célèbre est celle qui eut lieu à Vernoux au mois d'avril 1657  

Lors du soulèvement de 1683, qui précéda la révocation de l'Edit de Nantes, Vernoux est occupé par les troupes du Duc de Noailles, après le combat de la montagne de l'Herbasse où les Huguenots sont écrasés le 27 septembre. L'armée royale entre dans la ville sans rencontrer de résistance.   

  

 

 

 

 

 

 

Jules Michelet - 1798_1874 - Notre France, sa géographie, son histoire -

 
"Ici la montagne sur ses crêtes chauves et dans ses flancs déchirés, ne témoigne pas seulement de la guerre éternelle que lui fait la nature, elle laisse voir aussi à nu et toute vive encore la trace des commotions volcaniques qui l'ont à la fois, enfantée, bouleversée et ruinée. Le pays d'Ardèche que l'on rencontre d'abord en montant par Aubenas, offre le roc d'abord, rien que le roc, les schistes tranchants, rien de plus aride, de plus âpre. Mais déjà vous sentez la lutte de l'homme, son travail opiniâtre, prodigieux, contre la nature. Entre le roc et le roc, le schiste et le schiste, une toute petite vigne s'accroche, deux ou trois brins de seigle dressent leur maigre épi. A côté, le puissant châtaignier, sobre et courageux végétal, enserrant le caillou même de ses racines, se fait sans secours, sa terre à la longue, par le résidu de son feuillage. 

Cette portion de l'Ardèche que la nature a faite affreuse, l'homme l'a empreinte d'un charme moral. Partout, à côté de lapiaz hideux, vous trouvez la grâce et la consolation d'un petit coin de verdure. 

 

Ce n'est pas seulement le châtaignier qui semble se passer de la terre, vivre d'air et de caillou ; le mûrier vertueux s'établit partout près de lui, et se nourrit aussi d'indigence, de poussière basaltique.  

La soie est la manne du pauvre pays ; avec la soie, il a de l'argent, quelques moutons dont l'engrais mêlé aux débris de la roche, créera la terre à la longue. En traversant ces rudes vallées où de basses maisons de pierres sèches attristent les yeux de leurs teintes grises, partout, sous les arcades du rez-de-chaussée qui portent la maison elle-même en arcades, - au beau moment de l'année, - vous verrez deux ou trois jeunes filles au teint brun, aux dents blanches qui sourient au passant et tissent de l'or. 

Rien de plus inattendu dans cette campagne de pierre, près du jardin indigent maigret, que de voir une famille aisée, occupée tout entière à un métier de luxe. 

 

Ces hommes que la tradition nous a fait si durs, si sauvages, vont chaque jour s'affinant, s'adoucissant. Les enfants, mieux que les pères, témoignent que la bénédiction de la nature est enfin tombée sur cette race laborieuse qui la méritait si bien. 

 

Près d'Aubenas, la victoire de l'homme sur la pierre est décisive. Il y a des vignes, du blé, une terre, peu fertile peut-être, mais enfin, il y a une terre. Les rochers, eux-mêmes, semblent pris d'émulation ; ils portent sur leurs prismes basaltiques de petites plaines en miniature bien cultivées. 

 

 

J'ai vu tout cela doré, harmonisé du soleil du soir. Tout semble si beau à cette heure ! Chaque site alors est le plus beau site. Cette maison, cette famille réunie, devant laquelle vous roulez si rapidement, vous étranger, passant, c'est la maison, la famille heureuse entre toutes. 

 

Haut, bien haut, plane un donjon noir, pour témoigner des mauvais temps qui ne sont plus, pour faire bénir l'époque où la terre, peu à peu, appartint à celui qui la cultive. Ici, ce droit semble sacré, cette terre n'existait pas, le seigneur n'a pu l'inféoder. C'est l'arrière-petit-fils du premier possesseur, l'homme, le pasteur du désert, qui l'a faite, cette terre, et de ses sueurs l'a fécondée. 

 

  

Dans le haut Vivarais, où se dressent les montagnes les plus élevées des Cévennes, le Mézenc, le Gerbier des Joncs, d'où part la Loire, la nature comparée à celle du bas Vivarais, semble redevenue toute maternelle. Si les hauts sommets gardent leurs neiges, les pentes fécondées par les sources qu'elles distillent, se revêtent de forêts, de verts pâturages. Ce n'est plus la lutte héroïque de l'homme pour dompter les éléments rebelles et faire éclater le triomphe de la vie sur les ruines. Les horizons sont grandioses ; vous admirez, mais vous n'êtes plus attendri"